Jean Bruhat
Pour les articles homonymes, voir Jean Bruhat (homonymie). Jean Bruhat, né le 24 août 1905 à Pont-Saint-Esprit dans le Gard, mort le 11 février 1983 à Paris, est un historien communiste spécialiste du Mouvement ouvrier. BiographieNé de grands-parents ouvriers et d'un père postier, Jean Bruhat passe son enfance en Auvergne. Il vient à 14 ans à Saint-Étienne où il passe son baccalauréat en 1922. Il est à Lyon à 18 ans, il adhère au groupe lyonnais des Étudiants collectivistes et participe à la formation du groupe Clarté. Il s'installe à Paris en octobre 1925 lors de son entrée à l'École normale supérieure. Il adhère à la CGTU, puis au Parti communiste français. Agrégé en histoire, il est nommé en 1930 au lycée Georges-Clemenceau de Nantes. Durant cette période, il milite activement : il dirige le journal L'Université syndicaliste et participe pour le PCF au bureau de la fédération départementale, dont « il est l'un de ses orateurs les plus brillants dans les années du Front populaire », selon Marc Piolot. Il approuve les Procès de Moscou et les condamnations qui en ont découlées, trouvant une justification par analogie avec Le Châtiment des espions et des traîtres sous la Révolution française (titre d'une brochure qu'il écrit en 1937). Pendant les années 1937-1938, la commission des cadres du PCF demande aux militants ce qu'ils pensent du trotskysme et s'ils connaissent des trotskystes (dans les faits, tous les oppositionnels à la ligne politique de l'Internationale communiste). « Ainsi Jean Bruhat signale son beau-frère, l'instituteur Alfred Delhermet qui l'avait pourtant au début des années vingt entraîné au Parti communiste. » En octobre 1937, Jean Bruhat rentre à Paris et enseigne au Lycée Buffon. Le PCF lui confie la direction du musée de l'Histoire vivante, qui ouvre ses portes le 23 mars 1939 pour le 150e anniversaire de la Révolution française (dans l'après-guerre, Jean Bruhat officiera en tant que conservateur du musée). Il approuve le pacte germano-soviétique. Mobilisé en septembre 1939 lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est très surveillé pour « propagandisme révolutionnaire » et fait prisonnier le 18 juin 1940. Il parvient à être libéré trois ans plus tard, en mars 1943, grâce à de faux papiers lui reconnaissant la qualité d'infirmier. Il est alors contacté par le PCF pour un engagement permanent dans la Résistance, mais, en désaccord avec la direction du Parti sur certaines questions, il refuse la proposition. Il reprend son poste au lycée et participe eu Front national universitaire. Il anime de 1945 à 1947 le travail d'éducation syndicale de la CGT (il sera plus tard membre du Conseil d'administration et d'orientation de l'Institut CGT d'Histoire sociale). Il entre en juillet 1946 au Lycée Lakanal, puis à la Sorbonne. Il enseigne après 1968 dans le département d'histoire de la nouvelle université de Vincennes (nommée depuis l'Université Paris VIII). Bien qu'il ne parle pas le Russe et ne soit jamais allé en Union soviétique, son Histoire de l'URSS, maintes fois rééditée, a longtemps fait figure de référence. C'est au titre d'« expert » qu'il a été appelé à la barre en 1949 au cours du procès de Victor Kravtchenko contre Les Lettres françaises. Jean Bruhat prétendait qu’il y avait des « invraisemblances », « contradictions » et « contre-vérités » dans le livre de Kravtchenko J'ai choisi la liberté. Il affirmait d'autre part « qu'en comptant les carreaux cassés on ne fait pas l'histoire d'une révolution ». Il fut selon l'historien Philippe Robrieux « engagé à fond » dans le Stalinisme. Notes et référencesBibliographie - Histoire de l'URSS, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1945, douzième édition 1980, 126 p.
- Les Journées de février 1848, Paris, PUF, 1948.
- Histoire du mouvement ouvrier français : des origines à la révolte des Canuts, Paris, Éditions sociales, 1952, 287 p.
- Lénine, Paris, Club français du livre, 1960.
- avec Marc Piolot, Esquisse d'une histoire de la CGT (1895-1965), Paris, Éditions du Centre confédéral d'éducation ouvrière de la CGT, 1967 (1re éd. : 1960), 383 p.
- en collaboration avec Jean Dautry et Émile Tersen, La Commune de 1871, Paris, Éditions sociales, 1970 (1re éd. : 1960), 463 p.
- Karl Marx - Friedrich Engels, essai biographique, Paris, Club français du livre, 1970.
- Eugène Varlin, militant ouvrier, révolutionnaire et communard, Paris, EFR et Club Diderot, 1975.
- Gracchus Babeuf et les Égaux ou « le premier parti communiste agissant », Librairie académique Perrin, 1978.
- (en collaboration), Histoire de la France contemporaine Paris, Éditions sociales, 1979, tome II et III.
- Il n'est jamais trop tard (souvenirs), Paris, Albin Michel, 1983.
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